Descrizione
Pour les titres ,ceux ci n’ont pas de décryptage à proprement parler J’invente tout un tas de choses et je les combine pour me surprendre .Mes tableaux sont toujours cryptés et parfois ne sont que petites anecdotes, mais qui pour moi ont du sens.
Un chemin qui s’enfonce dans le ventre de la forme.
Réflexion sur le travail de Philippe Azema
Une totale impuissance à percevoir l’univers comme homogène
L’univers de Philippe Azema[1], c’est la spontanéité des formes, la contorsion des couleurs, l’imprévisibilité de la composition, c’est dés le premier regard, l’audace de l’originalité. Une originalité, à la fois originale et originaire, car son œuvre totalement novatrice, unique, trouve ses racines aux origines de l’ art, dans un temps où les hommes pratiquaient la religion de l’art, entendue comme une restitution symbolique de la réalité.
Azema ne cherche pas l’originaire de manière prédéterminée. Pour autant, peut on affirmer qu’il a une connaissance spécifique de l’histoire de l’art, de ses conditionnements, des goûts, des styles et par conséquent qu’il n’entre pas dans l’outsider art ?
Bien au contraire, employé dans une exploitation agricole, nous sommes en présence d’un artiste autodidacte, dont les dessins révèlent une totale liberté d’expression, une anarchie de la composition. Il s’agit d’un artiste dont l’art est l’ expression de la recherche de soi dans le monde qui l’entoure.
Il y a dans son attitude comme un abandon, loin de toute recherche de perspectives, ou d’un rendement artificiel de la lumière. Ici, tout est donné par l’accouplement des couleurs entre elles. Trois tons : le rouge, le jaune et le noir guident la construction de ses « mondes », comme un daltonien mystique, qui emporterait le spectateur loin de la réalité.
Les formes semblent gravées sur le fond, traces intemporelles de son inconscient.
Comment ne pas penser aux formes primordiales de la préhistoire, nées autour du feu de la caverne, au temps du repos, de l’abandon à son inconscient.
A l’évidence, nous approchons ici des origines de la création artistique. Azema, au coeur de l’ art brut, réussit à trouver une dimension de l’esprit située dans un temps où l’homme utilisait l’art comme moyen vers l’autre, vers l’excès, hors de toute limite.
Les artistes de l’art outsider, comme j’ai déjà eu occasion de le souligner dans mon écrit pour l’exposition « Ligne de Contour, Créativités Différentes[2] » considèrent l’art comme une prière journalière à faire dans l’intimité de son propre espace quotidien. Un art d’estomac. Une thérapie. Si, l’art s’entend ici comme exercice quotidien, nous nous éloignons de la nature de l’artiste, au profit de quelque chose qu’il faut apprendre. De cette manière l’outsider art se rapproche de l’art officiel, parce qu’il y a une technique qu’il faut acquérir.
Mais l’outsider art ne concerne pas le style ou la tendance, mais davantage, une condition préliminaire: l’art comme langage de connaissance, d’abord vers soi même (c’est l’exercice quotidien, un chuchotement constant à l’intérieur de soi ) puis vers les autres.
Dans l’outsider art, cette connaissance s’acquière, non par un apport culturel ou logique, , mais se fonde essentiellement sur le fantastique et l’imaginaire, sublimés par une réalité qui se rapproche de la vie intime des artistes.
Dans les dynamiques de l’outsider art, ce n’est pas l’objet cognitif qui est important, mais l’action pour y arriver. Pour l’artiste de l’art contemporain officiel, l’ art est un langage parmi d’autres avec lesquels il convient d’ échanger en permanence. Pour l’artiste outsider, le langage de l’art est la seule voie d’accès à la compréhension du monde et résulte d’un besoin physiologique. Dans l’ art brut ou outsider, l’ artiste décharge sa propre pathologie dans son œuvre, et force le spectateur à se mesurer avec elle.
Pour mieux comprendre ce rapport entre homme et objet, nous pouvons nous référer à la pensée de Merleau-Ponty, sur la phénoménologie, quand il affirme: « réfléchir c’est rechercher l’originaire[3]« . Dans ce cas l, le philosophe français veut affirmer qu’il ne s’agit pas tout simplement d’analyser la façon d’être d’un organisme dans le monde, mais de rechercher, plus radicalement, comment la conscience constitue un monde.
Le monde[4] n’est pas un objet extérieur à mesurer mais le résultat d’une interaction profonde entre l’homme et son milieu[5]. Le monde n’est pas placé artificiellement devant le sujet, mais il naît avec le sujet.
Ainsi, si nous considérons que dans l’outsider art, ce n’est pas l’objet qui est important mais l’action pour y arriver, il convient de nous attacher non seulement à l’image dans l’œuvre mais à tout le mouvement du corps qui l’a produite. Le geste fait partie de l’œuvre et l’œuvre représente un instant d’ouverture vers le monde
« se perdre est certainement agréable et atroce »
F.T.Marinetti (Venezianella e Studentaccio 2013)
Pourquoi l’originaire peut être original?
Quand j’ indique que la peinture d’Azema provient de la pathologie de l’être, il s’ agit déjà d’une référence à l’origine de l’être (la pathologie ne peut pas appartenir à quelqu’un qui n’existe pas) La condition avec laquelle l’homme entend le monde est déjà une manière originale d’entendre, parce que c’ est dans la perception des sens qu’ émerge l’individualité
C’est par contre dans le voyage vers l’autre, que se crée la communauté.
En ce qui concerne les artistes outsider, la recherche d’un lien avec l’autre, n‘existe pas, à des degrés différents. Pour les outsiders, artistes du fantastique et de l’imaginaire, c’est en parlant à soi même que se développe l’acte créatif. L’unique possibilité de communication est d’entrer dans ce monde où nous devons comprendre que l’origine est entendue de manière absolument originale.
Marcello Francolini
[1] Philippe Azema est né en 1956, il grandit dans le sud de la France entre la Camargue, l’Hérault et le Tarn. Dans son quotidien il travaille dans une exploitation d’arbres fruitiers. Poussé par le désir de dessiner il fréquente pour un an seul l’école de beaux-arts de Toulouse et s’essaie à la peinture sur toile, mais s’en désintéresse. Plus tard il se lance dans la peinture avec rasoir et bâton taillé en pointe et se concentre sur le rouge, le noir et le jaune. Actuellement son travail est représenté par la Galerie Polysémie à Marseille, gérée par François Vertadier
[2] Marcello Francolini, Il corpo della pittura è inciso nel corpo degli uomini, cit. in Linea di Contorno, Creatività Differenti, Cat. della mostra Linea di Contorno, Creatività Differenti (a cura di Marcello Francolini), Complesso Monumentale di Santa Sofia, Salerno, Dicembre 2016
[3] Maurice Merleau-Ponty, Fenomenologia della percezione, Il Saggiatore, 1965, p. 378
[4] Pour approfondir le sens du mot monde et son impossibilité de se réduire au milieu je vous envoie à Agostino Cera, Sulla questione di una filosofia della tecnica, cit. in L’uomo e le macchine. Per un’antropologia della tecnica (a cura di Nicola Russo), Guida Editore, 2007, pp. 106 – 109. Justement sur le terme de cet essai, Cera arrivera à affirmer vraiment que la technique contemporaine, en produisant une approche forcée des organismes à l’homme, le redescende dans une dimension féroce en réduisant le propre monde à son contraire: le milieu.
[5] Pour insister sur ces termes nous pouvons tâcher de le comprendre en ajoutant l’autre contribution de l’anthropologiste Gehlen quand il croit inapplicable l’idée de milieu à l’homme, depuis le moment que « il devient impossible d’indiquer un complexe de conditions humaines » typiquement. Il est permis d’affirmer par conséquence, que, de certaine manière, l’homme ne coupe jamais le propre lien avec la totalité du milieu naturel, note parce qu’il ne reste pas lié à une partie de lui.
Arnold Ghelen, Antropologia filosofica e teoria dell’azione, tr. It. Di G. Auletta, Napoli 1990, p. 113.
Pour les titres ,ceux ci n’ont pas de décryptage à proprement parler J’invente tout un tas de choses et je les combine pour me surprendre .Mes tableaux sont toujours cryptés et parfois ne sont que petites anecdotes, mais qui pour moi ont du sens.