Descrizione
Gérard Nicollet est né en 1954 en Tunisie.
Lorsque je dessine, je commence à partir de presque rien. La feuille (ou la toile) est blanche. Quelquefois je la prépare au préalable en l’enduisant de gesso ou je la recouvre d’un mélange d’encre diluée. Mais avant toute chose, je trace un cadre, généralement à 3cm du bord. Ce cadre fixe les limites de mon dessin. Il trace la frontière entre le monde réel et imaginaire, bien qu’en réalité je sais que cette frontière n’existe pas. Mais le cadre me rassure et me permet de me préparer à ce que je vais entreprendre. Dessiner.
Ensuite seulement je commence à dessiner. Je ne sais pas à l’avance ce que je vais dessiner. J’aime ne pas savoir. Je découvre mon dessin petit à petit. Je pars souvent d’un point, d’un cercle ou d’un simple gribouillis informel qui se complexifie au fur et à mesure.
J’aime l’inconnu, il permet aux formes et aux textures de surgir. C’est quelquefois inconfortable, lorsque la main hésite, que l’esprit est absent. Mais c’est indispensable pour que l’inconscient et le rêve envahissent la feuille.
Quelquefois les formes sont en apparence abstraites, répétitives, presque géométriques, concrétisations de visions fugitives et de paysages mentaux.
D’autres fois, des visages, des mains, des yeux apparaissent.
Lorsque le dessin est un peu avancé, je le tourne dans tous les sens pour voir comment il « tient ». Quelquefois je le trouve plus fort en le retournant et je le poursuis alors dans ce nouveau sens.
La plupart de mes dessins peuvent être vus à l’endroit et à l’envers. J’imagine une exposition dans laquelle mes dessins seraient accrochés une semaine à l’endroit, et l’autre semaine à l’envers.
Dessiner c’est traverser les apparences. Partir à l’exploration de mondes inexplorés. Et cette exploration n’a pas de fin. Elle dure tant que la main dessine.
Lorsque le dessin est terminé, après un nécessaire temps de repos, je suis à nouveau impatient de repartir à l’aventure.
Je me dis toujours que mon prochain dessin sera plus fidèle aux images qui habitent mon corps et de ma tête.
Gérard Nicollet